Par André Heitz.
Le 9 novembre 2017, à Bruxelles, les États membres ont encore trouvé le moyen de ne pas décider quoi que ce soit à propos du renouvellement de l’autorisation du glyphosate : ni autorisation ni interdiction.
Glyphosate : ni oui ni non
Quatorze pays se sont prononcés pour une autorisation de cinq ans – la quatrième « enchère » descendante de la Commission après les 15 années qui seraient d’usage dans le cas d’une substance sûre déjà sur le marché depuis 40 ans, dix ans, et cinq à sept ans.
En faveur de la proposition : Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Irlande, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pays-Bas, République Tchèque, Royaume-Uni, Slovaquie, Slovénie, Suède.
Neuf pays ont voté contre : Autriche, Belgique, Chypre, Croatie, France, Grèce, Italie, Luxembourg, Malte.
Et cinq se sont abstenus : Allemagne, Bulgarie, Pologne, Portugal, Roumanie.
Au dernier tour de piste, ils étaient 17 à approuver une durée de dix ans… trois se sont abstenus sur les cinq ans parce qu’ils en veulent dix. On nage en pleine irrationalité.
Il y aura donc un comité d’appel d’ici la fin novembre, avec un vote sur la même durée de cinq ans. L’issue est prévisible. Et après ? Selon les règles de comitologie, il reviendra à la Commission de prendre la décision. Mais nous entrerons peut-être dans une nouvelle ère de la (dé-)construction européenne, la Commission ayant annoncé de manière répétée que la décision devait être « partagée », en fait prise, par les États membres.
Et pendant ce temps, le nucléaire entre dans les bonnes grâces du gouvernement
À Paris, les termes du marchandage sont aussi devenus clairs. Une fois de plus, l’agriculture et l’approvisionnement alimentaire ont été sacrifiés au nucléaire et l’approvisionnement électrique.
Le mardi 7 novembre 2017, M. Nicolas Hulot, ministre de la Transition Écologique et Solidaire, annonçait, en bref, le report aux calendes grecques de la réduction de 75 % à 50 % de la part de l’électricité d’origine nucléaire, pourtant actée « à l’horizon 2025 » dans la loi n° 2015-992 du 17 août 2015 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.
C’est une annonce qui devrait interpeller les amoureux de l’ordre démocratique et, disons-le, civique : où est l’autorité des institutions quand un Parlement adopte une loi – qui dispose pour un avenir lointain – et que, à peine deux ans après, un gouvernement non encore acculé à l’échéance décrète l’objectif inatteignable ? C’est certes le cas – pire, l’objectif est stupide – mais on aurait attendu l’annonce d’un projet de loi abrogeant la disposition en cause.
M. Hulot s’est évidemment fait le messager d’une décision présidentielle et gouvernementale à laquelle il est en principe hostile (mais son ex-fondation n’a-t-elle pas bénéficié de solides subventions de grands groupes de l’énergie, dont EDF ?). « Je préfère le réalisme et la sincérité à la mystification » a-t-il déclaré à l’issue du Conseil des ministres.
C’est là une préférence bien nouvelle ! On aurait aimé qu’il se l’appliquât et en convainquît ses amis « écologistes » à l’époque où l’Assemblée nationale fixait avec enthousiasme des objectifs à réaliser par d’autres. Mais on admettra sans peine que la Macronie vient de tirer un trait sur un des délires de la Hollandie. Ou faut-il dire Royalie…
Et c’est une préférence dont on aurait aimé qu’il se l’appliquât pour le glyphosate (ou encore pour la fin des véhicules à moteur thermique pour 2040).
Encore des plans sur la comète
Les amateurs de billard à trois bandes penseront que le moment de l’annonce a été soigneusement choisi : M. Hulot prend des coups – surtout de ses amis, bientôt ou peut-être déjà anciens – le mardi et le mercredi… et le jeudi il peut plastronner avec une grande victoire à Bruxelles.
Il a déclaré à des journalistes :
« On a franchi une étape, on était parti pour réautoriser dix ans, la France tient bon sur trois ans. »
Et cela se poursuit par de beaux plans sur la comète dignes du quinquennat révolu :
« C’est normal que le passage de dix ans à trois ans ne se fasse pas de manière si fluide, mais on avance, on est en train de changer d’échelle […] tout le monde a inscrit dans son logiciel qu’au-delà d’une réautorisation […], ce sur quoi il faut travailler, c’est comment […] on va s’affranchir de toutes ces molécules qui, de manière assez justifiée, occasionnent une défiance entre le consommateur et le mode alimentaire. »
Ainsi, dans le logiciel de la Macronie, on trouve le bug de la Hollandie : on décide d’abord ; on voit comment on fait ensuite…
On est pourtant conscient dans les hautes sphères que c’est une belle bêtise. Le 10 octobre 2017, devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre Édouard Philippe avait notamment déclaré :
« Constatant qu’il n’existe pas à ce jour de produits qui puissent aboutir aux mêmes résultats que ceux élaborés à partir du glyphosate, constatant que certains agriculteurs souhaitent pouvoir transformer leur façon de produire mais que d’autres se trouvent dans la nécessité d’utiliser ces produits, j’ai demandé au ministre de l’Agriculture et au ministre d’État chargé de la Transition écologique de préparer une stratégie de sortie du glyphosate. »
Que penser de la gesticulation à prétention anesthésiante de M. Hulot ?
« Pendant ces trois ans, on va pouvoir travailler pour faire émerger les alternatives. »
Que c’est bien la preuve qu’à l’Hôtel de Roquelaure on sait qu’il n’y a pas d’alternative. Nous n’écrirons pas : « pas encore », car s’il y en avait – à l’échelle de l’agriculture française, et pas seulement d’une ferme prétendument vertueuse – cela se saurait. Et elles seraient déjà appliquées à grande échelle car, contrairement aux légendes urbaines, les agriculteurs ne sont pas des maniaques du pulvérisateur.
En fait, la réponse est déjà donnée par M. Hulot :
« Je comprends l’inquiétude des agriculteurs qui sont un peu accablés par toutes les contraintes qu’on leur pose : on va faire ça le plus humainement et rationnellement possible. »
« On » va sacrifier l’agriculture et les agriculteurs… mais « humainement ».
En 2007, lors du Grenelle de l’Environnement – sur l’instigation notamment de Nicolas Hulot et de son Pacte Écologique – le président de la République Nicolas Sarkozy avait sacrifié l’agriculture pour prix de la tranquillité (qu’il n’a pas vraiment eue) sur le nucléaire. François Hollande a poursuivi la politique des renoncements, et ce, pour des concessions étriquées, notamment sur les OGM et des pesticides « emblématiques » comme les néonicotinoïdes.
Ni OGM ni pesticides, ni glyphosate
En offrant le glyphosate à Nicolas Hulot comme hochet à agiter devant ses anciens amis et une opinion dite « publique » travaillée au corps, Emmanuel Macron vient toutefois de faire « mieux » que ses prédécesseurs.
Le refus des OGM était un renoncement à des progrès. Au-delà des grandes gesticulations d’Écophyto (dont certains éléments sont tout à fait positifs), le refus de certains pesticides a créé des difficultés qui n’étaient pas insurmontables (et – c’est contre-intuitif – des atteintes à l’environnement). Sans glyphosate, nous aurons une formidable régression agronomique, écologique, économique, sanitaire et sociale.
Tout ça pour maintenir la paix gouvernementale et succomber à la démagogie. Quelle déception !
Je pourrai lui faire une ordonnance afin de lui faciliter la digestion des couleuvres bien grasses qu’il avale avec un appétit aussi féroce … à avaler à l’aide d’un petit verre de glyphosate
Un suppositoire en plomb mettrait définitivement fin à ses tourments…Et aux notres…
Ce n’est pas le glyphosate qui va le baiser mais les additifs.
Macron n’a pas eu besoin des voix des écolos pour être élu, et Hulot ne sera plus au gouvernement quand se posera la question de sa réélection. Alors pourquoi lui avoir offert un ministère et un tel pouvoir de nuisance ?
La droite , le centre et la gauche modérée ont toujours offert le couvert aux communistes . L’idéologie écologiste(différente de l’écologie comme le socialisme l’est du social) est le nouveau discourt de destruction du monde libre; L’écologisme est comme la pastèque vert dehors rouge à l’intérieur!
pourriez-vous svp relayer ce véritable scandale :
https://www.osmobio.com/osmobio-alternative-glyphosate/
un produit concurrent du glyphosate mais 100 % français, bio et sans danger est interdit de mise en vente par l’administration française !
Un produit “naturel” aussi efficace que le glyphosate, bien sûr. Pas d’idée du coût d’utilisation, ni de son mode de fonctionnement, cela pourrait nous éclairer un tantinet.
la raison du blocage serait le “lobby des groupes de l’industrie chimique”, forcément.
Je propose à ce créateur de proposer son produit hors de nos frontières puisque que la France trainerait des pieds. Si le produit est réellement efficace, les consommateurs devraient le plébiciter, non?
Bref, ça sent le bullshit à plein nez cette histoire
Avez-vous lu la fin de l’article que vous citez : « Contactée, l’Anses nous a répondu que le dossier déposé était incomplet. Et qu’elle allait le traiter avec un caractère prioritaire dès qu’il sera relancé. »
Il y a des procédures administratives qui ont été mises en place pour assurer, en particulier, la protection de la santé publique et de l’environnement.
Vous répétez à l’évidence le discours mille fois rabâché. Cela ne suffit pas pour accréditer la thèse du produit « interdit de mise en vente ».
Ni du reste la thèse du produit « bio ». Il sera « bio » quand les responsables du cahier des charges de l’agriculture biologique l’auront inscrit dans le tableau des produits – des pesticides – autorisés en agriculture biologique.
Et encore moins la thèse du produit « sans danger ». C’est, en (très) gros, ce que le futur distributeur du produit doit démontrer à l’ANSES. Les incantations de « bio = sans danger » qui fleurissent aussi dru que les pissenlits dans les pelouses non désherbées ne suffisent pas.
Quant au « 100 % français »…
Je lis enfin dans l’article : « Jacques Le Verger, fondateur de Osmobio, se bat depuis 2009 pour l’autorisation de commercialiser son désherbant naturel ». Huit ans que ça dure… vous ne pensez pas qu’il y a un loup ?
et vu le nom ça doit être juste un” brûlage” chimique…
Un commentaire très simple: ce gouvernement navigue en plein délire, quelque soit le sujet. Donc traiter un point plus qu’un autre est inutile à moins de lancer un concours de bêtises.
@Pancho villa j’ai eu beau chercher le mode d’action de votre désherbant miracle, je ne l’ai pas trouvé. À part qu’il est “naturel” ( naturel ne veut pas dire sans danger d’ailleurs) on ne trouve pas grand chose comme infos dessus. Pourquoi ne pas le vendre à l’étranger si il est impossible à commercialiser en France ? Si il était réellement efficace ça se saurait non? c’est bizarre votre histoire…
l’info est parue dans “le télégramme”. Ici on dit : “c’est sûrement vrai, c’était dans Le télégramme”.
partant de là , pas la peine de chercher des preuves, la meilleure preuve c’est que “le télégramme” l’a dit. Toute la presse est pourrie, mais pas le télégramme. 🙂
Cet article de défense du glyphosate est une vaste blague. Qui s’ajoute à la vaste blague des articles sur les vertus de l’amiante et l’innocuité du tabac…
Les Monsanto Papers ont révélé que Monsanto connait depuis au moins une vingtaine d’années les liens entre son produit phare et les cancers. Et que cette entreprise tente, par tous les moyens, d’allumer des contre-feux.
Quant à prétendre qu’on ne peut s’en passer, c’est comme dirait l’autre, des propos de fainéants. Y renoncer suppose un peu plus de passages mécaniques pour éliminer les mauvaises herbes. Ca coute un peu plus en sueur et un peu moins en produits.
Bien sûr qu’on peut s’en passer.
Tout comme on peut se passer de tracteurs en revenant au cheval de trait.
Tout comme on pourrait se passer d’ordinateur pour revenir aux bonnes machines à écrire mécaniques.
etc…
Et l’amalgame avec le tabac et l’amiante, comment dire…
En tout cas, pour une molécule dans le domaine public depuis 2000, je trouve que Monsanto perd beaucoup de temps et d’énergie.
Quand avez-vous désherbé — à genoux et au couteau pour être en cohérence avec vos propos — le trottoir devant chez vous pour la dernière fois, comme le civisme et la loi vous y obligent ?
Vous avez le raisonnement un peu manichéen, l’ami. Simplissime, même. Pour vous, il n’y aurait donc le choix qu’entre le glyphosate et l’action manuelle.
Pour répondre précisément à votre question : j’utilise un mélange à base de vinaigre s’il me prend l’envie de désherber mon petit lopin de terre. Ainsi que dans mon lave-vaisselle (vinaigre+gros-sel+bicarbonate+citron…).
PS : au cas où vous ne le sauriez pas, je vous l’apprends, Monsanto a développé une nouvelle formule, à l’achat dans certaines jardineries, en remplaçant le glyphosate par… du vinaigre !
Evidemment, il continue de le vendre à un prix voisin… Ce qui fait cher du litre du vinaigre. Mais il n’y a pas de petits profits, n’est-ce pas ?
on peut se passer de respirer…pouvoir se passer de quelque chose n’implique en rien qu’il faille s’en passer..curieux que monsanto connaisse les dangers du glyphosate depuis vingt ans et qu’on ne voit rien de bien convaincant après 40… alors bien sur après beaucoup de lobbying il est possible que le roundup soit interdit… sans raison valable…
Le glyphosate a le niveau de dangerosité de la viande rouge ou du café. Les prétendus rapports des ONG prétendument indépendante sont juste de la bullshit à la Seralini et compagnie : du travail d’escroc.
C’est aux agriculteurs de décider ce qu’ils doivent utiliser ou pas. Ce n’est pas à des lobbyistes de la ville qui ne connaissent rien à l’exploitation de la terre de décider pour eux.
Seul le résultat compte, ce produit sera encore autorise au moins 3 ans…..hulo n’a pas été journaliste télé en vain il sait caresser dans le sens du poil ,il sera un merveilleux ministre écolo ,il a la tête sur ses épaules pas comme ses prédécesseurs ..et il’sait sans doute qu’une interdiction de ce produit entraînerait une hausse de la consommation d’hydrocarbures et bcp de co2 à compenser..mais par quoi ?
@Jean roule du câble , je suppose que vous n’avez pas de jardin pour lâcher ce type de commentaire, je vous suggère alors d’aller aider (gracieusement bien sur) nos braves agents municipaux qui n’ont plus le glypho pour désherber et qui s’arrachent les cheveux en voyant les trottoirs de nos communes défoncés par les mauvaises herbes !!
Vous affirmez que le glypho est cancérigène, soit, peut être, comme énormément de produits utilisés chaque jours au quotidien, même en cuisine ! Si le glypho était vraiment dangereux, on le saurait, vu la quantité utilisée à travers le monde
Il a déposé un brevet international dans plusieurs pays dont les Etats-Unis qui ont été les premiers à l’enregistrer. « Ce serait quand même un comble d’être obligé de le développer à l’étranger… » fait-il remarquer.
http://www.leparisien.fr/societe/et-si-le-remplacant-du-glyphosate-existait-deja-09-11-2017-7382097.php
et toc !
Avant d’essayer de supprimer le nucléaire. M. Hulot ferait bien d’interdire le charbon à la patronne de l’Europe , mais là je pense qu’il se cassera les dents
Sur le glyphosate http://imposteurs.over-blog.com/2017/11/glyphosate-perturbateurs-endocriniens-nous-et-nos-enfants-allons-tous-trepasser-dans-d-atroces-souffrances-par-jerome-quirant.html
Le 100% bio est possible…dans un autre monde: https://ecologiescientifique.wordpress.com/2017/11/17/le-100-bio-est-possible-dans-un-autre-monde/
Les mensonges de ceux prétendant qu’une agriculture 100% bio est possible. http://seppi.over-blog.com/2017/11/une-agriculture-100-biologique-pourrait-nourrir-la-planete-en-2050-le-monde-ment.effrontement.html
Excellente Interview sur le glyphosate et les OGM :
https://ecologiescientifique.wordpress.com/2017/11/16/interview-un-eclairage-sur-lagriculture-et-a-la-sante/
A LIRE. https://sciencetonnante.wordpress.com/2017/11/12/glyphosate-le-nouvel-amiante/
Où en est l’agriculture #intensive en France depuis 20 ans? Ce n’est pas vraiment le discours qui nous est donné par les médias, non? https://web.archive.org/web/20171118150654/https://pbs.twimg.com/media/DNEpQ1mWkAAstCE.jpg:large
100% bio : ce serait un désastre écologique
https://www.newscientist.com/article/2153272-if-we-only-ate-organic-it-would-be-an-environmental-disaster/
100 % bio en 2050 ? Peu probable
http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2017/11/17/100-bio-2050-peu-probable
Le point sur les faibles doses, pas étayé pour les produits phytos et de sécurité alimentaire actuellement autorisés
https://www.efsa.europa.eu/fr/press/news/160503
Glyphosate : le Monde éditorialise la dictature de l’opinion fabriquée
http://seppi.over-blog.com/2017/11/glyphosate-le-monde-editorialise-la-dictature-de-l-opinion-fabriquee-a-propos-de-glyphosate-une-bonne-lecon-de-democratie-cela-co.ht
Nicolas Hulot, un vrai businessman
https://www.valeursactuelles.com/politique/nicolas-hulot-un-vrai-businessman-90675